"Izana" de Darua Matsuura

Infos pratiques :

Maison d'édition : Lumen

Traductrices : Hana Kanehisa et Diane Durocher

Prix : 15 euros

Synopsis :

Et si vous pouviez prendre l'apparence de n'importe qui...

Dans le monde d'Izana, il y a le dedans et le dehors. Le dehors, c'est tout ce qui s'étend au-delà des murs de la maison : le soleil, les arbres, les autres... tout ce qu'elle n'a jamais vu autrement que dans ses livres ou à travers les carreaux. Car depuis sa naissance, elle vit recluse, bien à l'abri entre quatre murs. Un jour, poussée par la curiosité, la jeune fille décide de braver l'interdit et de s'aventurer à l'extérieur. Bien mal lui en prend – elle comprend que son visage est si effroyable qu'il ne peut être montré au grand jour.

Car si d'ordinaire, la laideur n'est pas un crime, il règne dans le village une terrible superstition. Autrefois se seraient affrontées une sorcière d'une grande laideur et une prêtresse d'une grande beauté : la première, victorieuse, aurait volé son apparence à la seconde. Depuis lors, toute petite fille laide née une certaine année est tuée sur-le-champ, sous peine de porter malheur aux habitants. Cette légende est même le thème d'une pièce de théâtre qui se joue chaque été. Izana y découvre pour la première fois, dans le rôle de la prêtresse, sa propre cousine. Née la même année qu'elle, Namino a été épargnée grâce à sa beauté extraordinaire...

Mon avis :

Lorsque l'on rencontre Izana, elle a douze ans et vit chez Chigusa, qui s'occupe d'elle depuis sa naissance. Depuis toujours, elle a la formelle interdiction de sortir de la maison, mais, un beau jour, sa curiosité la pousse à enfreindre la règle et elle décide d'affronter le monde du dehors. Ce qu'elle y découvrira la changera à jamais.

Dans ce roman qui est en fait un préquel à la série de mangas Kesane, on se plonge dans une atmosphère déroutante. En effet, l'histoire se déroule dans une minuscule ville japonaise, nommée Akeiwa, où les superstitions semblent dicter la vie des habitants. Ainsi, les petites filles laides nées l'année du cheval de feu doivent être tuées, ou elles porteront malheur à leur entourage. Izana en fait partie mais Chigusa, la sage-femme, décide de la recueillir et de la faire passer pour morte.

L'atmosphère est donc très pesante : bien qu'ayant des liens avec les villages alentours, Akeiwa est une ville reculée et l'isolement des personnages se fait de plus en plus ressentir. Ce décor particulier est sans aucun doute l'un des points forts du récit. Akeiwa a une histoire et un passé bien sombres et, au fur et à mesure que les pages défilent, on découvre bien d'autres secrets que cache les habitants du village.

Les personnages sont peu nombreux et l'on suit principalement Izana, Chigusa et Kingo, un jeune garçon que Chigusa prend sous son aile. Izana est un personnage très différent de ceux qu'on a l'habitude de rencontrer puisqu'elle est d'une laideur immense (ce qui est assez rare, avouons-le). Traitée de monstre, elle vit recluse dans une cabane dans la montagne et refuse de voir quiconque. Son désir de vengeance envers ceux qui l'ont fait souffrir ne fera que s'accroître. Bien que je ne m'y soit pas attachée à cause de son côté trop noir, je trouve que c'est un personnage très intéressant et ambivalent. Kingo et Chigusa sont plus appréciables ; l'un est toujours prêt à aider et l'autre est d'une gentillesse incroyable. Quant aux autres habitants d'Akeiwa, ils sont tous plus horribles les uns que les autres...

C'est un livre assez court, qui ressemble presqu'à un conte, et que j'ai apprécié pour son atmosphère. Cependant, le changement de point de vue m'a déroutée ; Izana raconte son histoire puis, sans prévenir, on change de point de vue, se mettant à la place de Kingo. Je m'y suis ensuite faite, mais j'ai quand même trouvé ce style étrange. Ensuite, j'ai trouvé la fin trop rapide : le changement qui s'opère en Izana est un peu brutal, même si l'on comprend bien ce qui le déclenche. La scène finale est d'une noirceur folle et, au risque que vous me preniez pour une psychopathe, je l'ai adorée. C'est exactement quelque chose comme ça que j'attendais, mais c'était un peu précipité à mon goût.

En conclusion : Un livre étrange qui nous plonge dans une atmosphère sombre. Je l'ai bien aimé malgré un ou deux défauts, notamment la fin trop rapide comparée au reste du livre, et le changement bizarre de points de vue.